Dans la hiérarchie souvent bruyante des grands noms de Meursault, le domaine Henri Germain et Fils cultive la discrétion avec la même exigence que ses vignes. Ici, pas de mise en scène : seule compte la quête rigoureuse du vin juste, profond, équilibré et capable de vieillir avec noblesse. Fondé par Henri Germain, vigneron aussi modeste que méticuleux, le domaine est aujourd’hui dirigé par son fils Jean-François Germain, qui poursuit avec ferveur le travail engagé, dans un respect total des valeurs familiales et viticoles.
Le vignoble s’étend sur 8 hectares ; une surface significative en Bourgogne, répartis sur quelques-uns des plus beaux climats de la Côte de Beaune : Meursault, bien sûr, mais aussi Chassagne-Montrachet, Beaune ou encore Pommard pour les rares vins rouges. Les parcelles en premier cru (notamment Charmes, Perrières, Poruzots) côtoient de belles appellations villages, toutes cultivées avec soin, sans systématisme ni artifice.
Au chai, le travail se veut classique, précis et sans compromis. Les vinifications sont menées avec sobriété : pressurage lent, fermentations en levures indigènes, peu ou pas de bâtonnage, et des élevages longs en fûts de chêne, avec peu de bois neuf. Le style maison assume une forme de rigueur minérale, avec des vins souvent taillés pour la garde, qui expriment leur pleine complexité après plusieurs années. Leur jeunesse peut parfois surprendre par une certaine retenue, voire une forme d’austérité. Mais le temps agit comme un révélateur : les vins gagnent en amplitude, en texture, en profondeur, tout en conservant cette droiture typique de Meursault, entre tension et onctuosité maîtrisée.
À mille lieues des expressions trop riches ou tapageuses, ce sont des vins qui exigent un peu de patience… mais qui la récompensent largement. Le domaine s’inscrit ainsi dans la lignée des vignerons-artisans qui font la grandeur tranquille de la Bourgogne.

S’étendant sur plus de 58 hectares, le premier cru Morgeot comprend de nombreuses subdivisions, Les Fairendes étant l’une des plus réputées. Quatre domaines se partagent ce lieu-dit de sept hectares, situé à l’extrémité nord du climat, dont Henri Germain. Ce domaine discret pratique des vinifications traditionnelles : les baies vendangées à la main sont pressées délicatement ; puis, les moûts sont entonnés dans des fûts de chêne, sans débourbage, au sein desquels ils effectuent leur fermentation grâce à l’action des levures indigènes. Les élevages se poursuivent de longs mois sans bâtonnage. Les vins demandent souvent de longues années de garde pour dévoiler toute leur complexité, mais les patients seront amplement récompensés, avec ce chassagne-montrachet à la robe dorée, au bouquet charmeur et finement boisé de poire, de verveine et d’herbes aromatiques. La bouche est dense, grasse, équilibrée par une belle tension, apportant de la longueur. Un vin à laisser évoluer en cave et qui sublimera un bar au four ou une volaille grillée.