Difficile de dénicher des informations sur ce domaine confidentiel situé dans le Jura. La famille Gahier semble être installé dans la région depuis 1525. Considéré comme une figure du vin nature et comme "l'ours du Jura", Michel Gahier dispose de 9 hectares, majoritairement en rouge. Il possède peu de vignes de savagnin dans la région d'Arbois, dont il se sert pour réaliser un vin jaune saisissant. A cela s’ajoute une culture minutieuse de cépages rouges typiques de la région comme le poulsard et le trousseau à Montigny-les-Asures où est située son exploitation. Quelques plants de chardonnay sont également utilisés pour certaines cuvées.
Inspiré par son ami Jacques Puffeney, son travail respecte les méthodes de culture biologique (respect de la végétation environnante, labour à cheval), sans être certifiées pour autant. L’usage du cuivre est ainsi réduit à son strict minimum. Une façon de préserver la vie des sols. En cave, le travail est peu interventionniste avec, pour objectif, de laisser le terroir s'exprimer. Les élevages se font généralement en barriques anciennes et en foudres, et pour certains de ses vins sous voile. Les vins blancs sont ouillés. La discrétion de Michel Gahier ne s'illustre en aucun cas dans ses vins, très expressifs et puissants, à l'image des convictions marquées du vigneron. Parmi ses cuvées, son vin jaune vieillit dans des barriques âgées de près d'une centaine d'années. Ses vins rouges sont produits dans la capitale de Trousseau et ne manquent pas de faire honneur à cette distinction : complexes, élégants avec une très belle longueur.

Si elle est moins connue que Pupillin, capitale du poulsard, Montigny-les-Asures n’en est pas moins la capitale du trousseau, autre cépage star du Jura. C’est ici que Michel Gahier cultive en bio la parcelle des « Grands Vergers » héritée de son père et plantée de vieux trousseaux âgés de 80 ans. S’étendant en pente douce sur des sols de marnes rouges, ils bénéficient d’une parfaite exposition au sud. En cave, le vigneron a adopté une approche naturelle depuis les années 1980 et qui se définit par une macération à froid suivie d’une fermentation spontanément enclenchée par les levures indigènes, ainsi que de longs élevages en barriques anciennes. Pas d’intrants ni de soufre, ni de collage ou de filtration, pour des vins fins, délicats et gourmands. Les Grands Vergers est la cuvée emblématique du domaine, présentant un nez porté par des notes de framboise et de mûre qui évolue vers une bouche généreuse, fruitée et légèrement terreuse. Une touche poivrée accompagne la dégustation, jusqu’à une finale à la minéralité affirmée. Un vin qui se révélera après plusieurs années de cave.